Tel un double tranchant, la 5GCaaS expose les contraintes inhérentes aux offres Software as a Service (SaaS). L’interrogation cruciale pour l’industrie réside dans la capacité de ces architectures à fonctionner à grande échelle.
Dans un contexte où les opérateurs mobiles font face à une pression accrue en termes de dépenses en capital et à la nécessité de générer des gains de productivité, la virtualisation émerge comme une opportunité stratégique. Cette approche, qui privilégie la création de versions logicielles plutôt que matérielles des infrastructures réseau, offre une flexibilité sans précédent. La 5G, intrinsèquement virtualisée, permet aux opérateurs d’accéder à des fonctions réseau sous forme de service, notamment le coeur de réseau, donnant ainsi naissance au concept de 5GCaaS.
Le paysage de la 5GCaaS est diversifié, avec la participation de fournisseurs bien établis tels que Nokia et Ericsson, mais aussi l’émergence de nouveaux acteurs comme Athonet, ainsi que la présence des géants du cloud tels que Microsoft et AWS. Cette variété offre aux opérateurs de réseau mobile une gamme d’opportunités de partenariats, mais en même temps, elle pose des défis qu’il convient de surmonter.
Une demande croissante pour la 5GCaaS : Une solution avantageuse pour les MNOs
Les fonctionnalités innovantes de la 5GC couplées au SaaS
Les fonctionnalités innovantes de la 5G Core Network (5GC) combinées à l’approche Software as a Service (SaaS) ouvrent la voie à une solution puissante, la 5GCaaS. La 5GC apporte des avancées significatives telles que le découpage de réseau (slicing), la connectivité massive des objets (IoT) et une sécurité renforcée. Lorsqu’elle est associée à des solutions logicielles SaaS, elle crée un environnement flexible répondant aux exigences dynamiques du secteur des télécommunications.
Agilité, économies et sécurité avec la 5GCaaS
La 5GCaaS apporte des gains opérationnels considérables au coeur de la 5G. Elle offre une flexibilité cruciale pour le coeur de réseau, accessible à la demande. Les résultats d’une enquête menée par IPSOS en 2022 démontrent des économies significatives dépassant les 25%, évitant ainsi des investissements initiaux importants. Cette agilité permet aux opérateurs de s’adapter rapidement aux évolutions du marché, de déployer des services de manière progressive et de gérer efficacement les montées en charge avant un déploiement à grande échelle.
L’intégration de la couche logicielle SaaS renforce la sécurité opérationnelle en introduisant des outils de gestion centralisée. Cela permet une surveillance en temps réel et une réponse centralisée aux menaces. Les mises à jour automatisées des mécanismes de protection réduisent les vulnérabilités liées à l’utilisation de logiciels obsolètes. De plus, l’intégration de protocoles de sécurité robustes assure une transmission sécurisée des données entre les différents points du réseau.
Un marché diversifié
Les premiers utilisateurs de la 5GCaaS comprennent les opérateurs disposant de fréquences pour des cas d’utilisation spécifiques, ainsi que les MVNO. À mesure que les réseaux privés évoluent, les entreprises deviennent également des utilisateurs potentiels, souvent en partenariat avec des intégrateurs.
Des freins à surmonter
- des différences régionales : L’un des défis majeurs associés à la 5GCaaS réside dans la difficulté à différencier les services au sein d’un coeur partagé. Lorsque plusieurs opérateurs utilisent la même infrastructure centrale, la personnalisation des services devient complexe. Pour surmonter cela, les opérateurs de la 5GCaaS doivent fournir des instances autonomes à chaque opérateur, avec des APIs enrichies permettant une gestion autonome des aspects fonctionnels et opérationnels de leurs activités au sein du réseau.
- Dépendance à l’égard d’un tiers: En externalisant le coeur de réseau vers des fournisseurs de services, les opérateurs mobiles peuvent craindre de perdre le contrôle direct sur la relation avec leurs clients. Il est donc crucial de se positionner comme une plateforme facilitatrice proposant une offre de délégation et d’outsourcing du coeur de réseau, plutôt qu’une offre d’infrastructure fonctionnant sur le datacenter de l’opérateur. Le retour en arrière vers un autre fournisseur et la migration de l’existant sont des considérations vitales.
- Territorialité, sécurité et confidentialité des données: Les réglementations strictes sur la localisation des données, combinées à la nécessité de garantir la sécurité des informations sensibles, exigent la mise en place de règles strictes. Les clients de la 5GCaaS doivent s’assurer du respect des réglementations locales. De plus, des mécanismes de redondance doivent être mis en oeuvre, renforçant la sécurité à plusieurs niveaux. Les audits partagés, voire le recours à des experts indépendants, sont essentiels en cas de besoin.
- Besoin de garanties par rapport à la qualité et la performance: Les opérateurs sont déterminés à garantir que la transition vers la 5GC ne compromette pas la qualité des services. Des accords contractuels solides et des SLAs définissant clairement les responsabilités et les mesures concertées sont essentiels. Au-delà des SLAs, la capacité à gérer efficacement les processus non nominaux est cruciale.
En résumé, la 5GCaaS se profile comme une opportunité capitale pour les opérateurs télécoms, offrant des avantages substantiels. Néanmoins, tel un double tranchant, elle expose également les contraintes inhérentes aux offres Software
as a Service (SaaS). L’interrogation cruciale pour l’industrie réside dans la capacité de ces architectures à fonctionner à grande échelle. Les exploitants expriment parfois des doutes quant à la capacité de ces structures à gérer des dizaines de millions d’abonnés. Toutefois, il est crucial de souligner que, dans de nombreux autres secteurs, le cloud a démontré sa capacité à évoluer bien au-delà des attentes initiales, comme en témoigne le passage de Netflix d’un service de location de DVD par courrier à l’un des plus grands services de streaming au monde, rendu possible grâce à la flexibilité offerte par les services de cloud computing.