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Les opérateurs télécoms sont de plus en plus conscients des enjeux RSE notamment ceux concernant leur empreinte-carbone. Cela est d’autant plus vrai qu’ils doivent faire face à une forte augmentation de leurs OpEx-énergie (qui peut être liée aux variations de prix de l’énergie, à l’augmentation du nombre de clients, l’augmentation des usages, ….).
En moyenne, les équipements ITN (c’est-à-dire Télécom et IT) et les sites qui les hébergent représentant environ 80% des consommations d’énergie et empreinte-carbone totales d’un opérateur télécom (les bâtiments non techniques et véhicules ne comptant que pour 20%).
Dans ce cadre, de plus en plus d’opérateurs s’interrogent sur l’opportunité de mettre en place un programme Green ITN pour concrétiser leur engagement de développement durable et réduire les OpEx-énergie. Ils sont également conscients également de l’impact d’une telle démarche sur leur attractivité envers les investisseurs, leurs clients et en termes de valorisation de leur marque.
Les étapes-clé de la mise en place d’un programme Green ITN
La mise en place et le bon déroulement d’un tel programme passe par les étapes-clé suivantes :
- mettre en place une gouvernance adaptée
- cartographier les consommations d’énergie ;
- qualifier et quantifier les leviers de réduction de ces consommations ;
- s’assurer que les processus de sélection des fournisseurs intègrent la consommation d’énergie parmi les critères de choix des équipements;
- influencer la normalisation de futures technologies de sorte à optimiser les consommations d’énergie de celles-ci ;
- vérifier l’adéquation des indicateurs Green de la RSE et leurs objectifs chiffrés
- préparer l’automatisation de la mise sous contrôle des consommations d’énergie par l’IA.
La gouvernance d’un programme Green ITN est un facteur clé de réussite : un tel programme de transformation énergétique de l’ITN d’un opérateur Télécom concerne plusieurs de ses métiers: la RSE, les Achats d’énergie, et les métiers concernés par les processus de THINK / BUILD/ RUN des infrastructures ITN (Gestion de l’Innovation, Normalisation, Gestion du spectre, Architecture, Design, Ingénierie, Capacity Planning, Analyse Tech-éco…). Un tel programme doit donc être sponsorisé au niveau approprié de l’entreprise pour que les acteurs concernés y soient impliqués,
La cartographie des consommations d’énergie par domaine technique (ex. équipements d’accès radio, d’accès filaire, de cœur de réseau, de conditionnement d’air...) va permettre d’identifier les domaines les plus énergivores et à plus fort potentiel de gain. Cette cartographie va se baser sur les données disponibles (mesures, informations présentes dans les SI techniques et de facturation..) mais peut également nécessiter des mesures de consommations énergétiques complémentaires (par exemple, les consommations d’énergie facturées pour les sites radio ne permettent pas de distinguer, la part de consommation due aux équipements radio de celle due à leur environnement technique)
Il faut ensuite, pour chaque domaine, identifier des leviers de réduction des consommations, ainsi que les gains associés (en consommation et OpEx) et leurs coûts de mise en œuvre. Ces leviers peuvent être de types très variés ; choix de technologie, d’architecture technique, de fonctionnalités software (ex: fonctionnalités de basse consommation), des préconisations d’ingénierie…Ce travail, réalisé avec le concours des équipes techniques et leur retour d’expérience de leur mise en œuvre doit permettre d’établir un catalogue de leviers, ce catalogue doit être mis à jour chaque année et communiqué largement dans l’organisation.
Nous recommandons de décliner pour chaque entité des Plans d’Actions Energie (PAE) annuels afin de vérifier l’atteinte des objectifs fixés l’année précédente (domaine par domaine, puis consolidés) et de définir les objectifs de l’année suivante.
Pour une bonne prise en compte des OpEx-énergie dans les processus de sélection des fournisseurs, il faut :
- éclairer, par des expérimentations-pilote, les consommations d’énergie des nouveaux équipements,
- modifier les cahiers des charges pour y intégrer l’obligation pour les fournisseurs de préciser les consommations de leurs équipements,
- intégrer aux contrats-fournisseurs l’obligation de contrôle (mesures) de consommation et la mise en œuvre de pénalités en cas de non-atteinte des chiffres indiqués par le fournisseur,
- mettre en place les méthodes LCA (Life Cycle Analysis) dans ses RfP (obligations pour les fournisseurs d’informer sur les émissions de CO2 liées à la fabrication des équipements portant sur la chaîne complète de fabrication, incluant les contributions des sous-traitants).
Les technologies à venir, en cours de normalisation, portent les enjeux futurs de performances énergétiques des opérateurs: par exemple, des opérateurs ont pu exprimer leurs attentes en matière d’économie d’énergie dans les instances de normalisation (MGMN, 3GPP), et influencer le standard de l’interface radio 5G (notamment en ce qui concerne les mécanismes d’ASM - Advanced Sleep Modes).
Il est important de définir un objectif GreenITN chiffré, par exemple un indicateur d’empreinte-carbone par usage-client, cet indicateur doit être inscrit dans le PEA et être suivi dans le temps.
Automatisation de la mise sous contrôle de consommations d’énergie par IA
L’utilisation des données stockées par un opérateur (de facturation, de mesures, d’exploitation..), permet d’optimiser notamment les consommations et OpEx d’énergie ITN, mais sont peu exploitées aujourd’hui. L’IA peut être un bon moyen d’accélérer l’identification de gisements de gains, d’élaborer un business case et d’un plan d’actions associés. Néanmoins, le lancement d’une telle démarche implique un réel effort pour :
- trouver les « bons » cas d’usage (gestion par IA du conditionnement d’air dans les data-centers, gestion des équipements RAN par le C-SON des fournisseurs…)
- mettre en évidence les gains réels associés à chaque cas d’usage.
Quels enseignements et bénéfices pour l’opérateur ?
En premier lieu, la mise en place d’une démarche Green ITN permet à un opérateur télécoms de piloter ses consommations d’énergie, ses émissions CO2 et ses OpEx. Ceci grâce à la mesure, la modélisation, la planification des actions Green et la prévision, dans les principaux domaines de l’ITN.
Illustrée par des indicateurs, l’augmentation dans l’absolu des consommations (en corrélation avec la croissance de la base-clients et des usages des clients) est examinée au regard des gains en terme d’empreinte carbone liés à la dématérialisant des usages, évitant ainsi les émissions de CO2 liées à un déplacement physique.
Parmi les leviers de gain d’OpEx ou consommation d’énergie et d’amélioration de l’empreinte-carbone, quelques-uns apparaissent comme des « quick wins » (par exemple: dé-commissionnement d’équipements inactifs, activation de fonctionnalités logicielles basses consommation disponibles, respect des réglages de température sur les sites, assurance de coût); mais la plupart d’entre eux nécessitent du CapEx, de sorte que les seules économies réalisées par leur activation ne permettent en général pas un retour sur investissement suffisamment rapide: il faut alors saisir les fenêtres d’opportunités de transformation de l’ITN (par exemple : SWAP ou renouvellement d’équipements, déploiement d’une nouvelle technologie) et intégrer dans un plan d’affaire plus global les gains permis par ces leviers.
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