Notre ambition est d’être « RSE by design ». Le rôle d’une direction RSE est d'impulser une dynamique transverse, pour aider l’ensemble des salariés à connaître et comprendre les enjeux, les impacts et les ordres de grandeur et passer à l’action
Le secteur des telcos est confronté à deux défis: continuer à innover pour intégrer de nouvelles ruptures technologiques tout en prenant en compte des enjeux de décarbonation de plus en plus pressants et contraignants. Tour d’horizon des leviers que les opérateurs peuvent activer…
Face aux défis environnementaux, quels sont les enjeux RSE des opérateurs ?
Les opérateurs ont une double équation économique et ESG (environnementale, sociétale et de gouvernance) à résoudre. L’ambition du Groupe Orange est d’atteindre le net zéro carbone en 2040. Sa stratégie RSE vise à rendre cet engagement compatible avec la nécessité de continuer à investir dans des technologies innovantes et de faciliter l’accès aux usages numériques. Suivant un objectif validé par la SBTi (Science-Based-Targets initiative), nous nous sommes engagés à réduire nos émissions sur le scope 1, le scope 2 qui porte sur l’énergie de nos infrastructures, et désormais le scope 3, qui représente plus de 80% des émissions du Groupe.
Quelles sont les actions du Groupe Orange pour réduire ses émissions sur les scopes 1 et 2 ?
Nous poursuivons notre programme Green ITN lancé il y a plus de 10 ans. Basé notamment sur l’optimisation de l’efficacité énergétique de nos réseaux et le recours à plus de 30% aux énergies renouvelables dans toutes nos géographies, ce programme a généré 630 kt d’économies de CO2 en 2021, soit une réduction annuelle de 20% des émissions du Groupe, tout en continuant à déployer des infrastructures télécom.
Partout dans le monde, nous solarisons des sites techniques: en Jordanie, 3 fermes solaires couvrent 70% de la production d’électricité nécessaire. En Côte d'Ivoire, une centrale photovoltaïque couvre 50% de la consommation diurne du data center gérant des services d'hébergement et d'exploitation pour 18 filiales d’Orange de la zone OMEA. En 2025, une ferme photovoltaïque couvrira 20% des besoins énergétiques de notre site de télécommunications par satellite de Bercenay-en-Othe, en France, soit l’équivalent de la consommation énergétique de 700 foyers et une économie de 100 t de CO2 par an.
Et sur le scope 3?
Depuis l'année dernière, nous utilisons un modèle d’évaluation très différenciant dans le secteur, parce qu’il prend en compte des flux physiques et pas uniquement financiers. Il combine les parcs d’équipements avec leurs facteurs d’émission et les coûts d’achat lorsque les données physiques ne sont pas disponibles.
Nous nous appuyons sur le levier de l'économie circulaire en travaillant avec l'écosystème afin de le rendre plus vertueux. Orange a co-fondé, avec 4 opérateurs européens, l'indice Eco Rating de mesure de la durabilité d’un smartphone. Aujourd'hui 8 opérateurs dans 35 pays en Europe, en Afrique et en Amérique du Sud, et 22 fabricants supportent cette initiative! L’enjeu est de fabriquer des smartphones plus économes en ressources naturelles et notamment en matériaux rares (cuivre, or, lithium) dans un contexte en tension. Nous accélérons également sur la vente de terminaux reconditionnés afin de tenir nos objectifs de vente qui ne doivent pas dépasser un budget carbone fixé annuellement.
Côté réseaux, nous avons lancé une plateforme interne d'achat et de vente d'équipements réseaux reconditionnés dans le cadre du programme Oscar.
Nous œuvrons à réduire l’impact environnemental de nos produits et de nos services logiciels en nous appuyant sur un centre de compétences d’écoconception créé au sein de la direction de l’Innovation.
Pour savoir où agir, les équipes de l’Innovation et du Groupe ont fait standardiser par l’Union Internationale des télécommunications (UIT) une méthodologie permettant d’évaluer le carbone évité par l’utilisation d’une solution. Sur le marché du BtoB, nous développons des solutions mêlant l’IoT, des données et l’IA, afin d’aider les entreprises à se décarboner ou à économiser des ressources avec une approche de business durable.
Comment l’Innovation intègre-t-elle les en enjeux de décarbonation ?
Notre ambition est d’être «RSE by design». Le rôle de la direction RSE est d'impulser une dynamique transverse. Pour aider l’ensemble des salariés à connaître et comprendre les enjeux, les impacts et les ordres de grandeur et passer à l’action, j’ai initié avec des experts:
Des actions d’acculturation: des Fresques du climat suivies d'ateliers de co-construction d'actions; un module de sensibilisation sur les ordres de grandeur; une «matinale RSE» faisant intervenir des spécialistes, par exemple du marché de l’achat d’énergie.
L’élaboration d’une feuille de route RSE transverse, dotée de KPI, qui donne de la visibilité aux initiatives et oriente les actions. Ainsi, nombre de nos travaux de recherche intègrent les problématiques de décarbonation : la mise en place d’un Observatoire des flux logistiques pour aider les pouvoirs publics et les transporteurs à comprendre où et comment ils peuvent agir; les nano-ordinateurs comme solutions modulaires autonomes en énergie, mais capables de garantir une puissance de calcul; l’IA comme levier pour réduire l'impact, mieux comprendre, piloter à distance, prévoir une faille, optimiser des mécanismes de veille, avec une attention particulière portée à sa frugalité…
Des démarches d’analyses de cycle de vie, de façon à évaluer le coût carbone d’une nouvelle technologie, depuis la fabrication jusqu’à la gestion de ses déchets.
Du partage pour encourager les bonnes pratiques: nous avons, par exemple, créé pour les pays Orange l’application EAP (Energy Action Plan). Cet outil propose un catalogue de leviers d’actions pour réduire sa consommation d’énergie, au regard de son mix-énergétique et de sa maturité. Chaque pays visualise sa trajectoire et peut s’inspirer de ce que font les autres pays.
Comment la direction RSE d'Orange Innovation contribue-t-elle à impulser ces changements ?
A mon arrivée, pour aider les collaborateurs à se projeter, favoriser l’adhésion et fédérer, j’ai formulé, en lien avec la stratégie Engage 2025 du Groupe, la priorité stratégique RSE de l’Innovation: «Faire des enjeux RSE du groupe un levier d'innovation et de différenciation».
Cette «bannière» partagée pose clairement la question de la résilience de notre business model: elle nous conduit à nous interroger au quotidien sur la mise en œuvre d’un business model durable face à la crise énergétique, à la raréfaction des ressources, au durcissement de la réglementation, aux attentes des citoyens, aux demandes d’aide des entreprises, Pour garder cette priorité toujours au cœur de nos activités, nous l’affichons dans nos événements et actions de communication internes.
Par ailleurs, je fais intervenir lors de conférences des homologues dans d’autres grands groupes pour favoriser une ouverture sur l’extérieur.
Je crois beaucoup à la valorisation des initiatives, des engagements et des résultats pour créer une dynamique virale. Pour cela, je m’appuie sur un réseau d’animateurs et d’ambassadeurs sur les sites. J’organise des petits déjeuners RSE en présence du directeur de l’Innovation. Nous publions chaque semaine un article RSE dans la newsletter d’Orange Innovation.
Il s’agit moins de convaincre que de donner envie. Dans une direction de l’Innovation, les collaborateurs sont particulièrement curieux et ouverts au changement. Grâce à des KPI simples, compréhensibles par tous, et visibles, les postures bougent.