En tant que membre du groupe de la Banque mondiale et plus grande institution axée sur le secteur privé dans les pays en développement, nous promouvons une croissance économique inclusive et durable.
En tant que membre du Groupe de la Banque mondiale et plus grande institution axée sur le secteur privé dans le monde en développement, l'IFC promeut une croissance économique inclusive et durable grâce à un programme de lutte contre le changement climatique reposant sur trois axes : l'adoption de normes et de standards industriels en collaboration avec nos clients et partenaires, la promotion d'innovations en faveur du climat et la mobilisation de capitaux auprès de banques et de partenaires tiers par le biais de nos investissements à vocation humanitaire
Quelle est la place du développement durable et de la lutte contre le changement climatique dans la mission d’IFC ?
La promotion du développement durable et la lutte contre le changement climatique sont au cœur de la mission d’IFC. En tant que membre du Groupe de la Banque mondiale et plus grande institution axée sur le secteur privé dans les pays en développement, nous œuvrons en faveur d'une croissance économique inclusive et durable. Nous créons des marchés favorables au développement des entreprises et à l'amélioration des conditions de vie des populations en investissant dans des projets à fort impact, en mobilisant davantage d'investisseurs et en fournissant des conseils techniques et des orientations pour que les communautés locales puissent bénéficier également de ces avantages. Notre travail contribue au double objectif du Groupe de la Banque mondiale : mettre fin à l'extrême pauvreté et promouvoir une richesse partagée.
Mais ces objectifs ne peuvent être atteints si nous ne nous concentrons pas en priorité sur le défi que représente le changement climatique. Selon le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, les efforts visant à limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré Celsius ne pourront probablement pas être réalisés d'ici la fin de la décennie, tant que nous n'aurons pas pris des mesures radicales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les marchés émergents, compte tenu de leurs énormes besoins de développement et de leur demande croissante d'énergie, seront les plus touchés par le changement climatique. En fait, selon certaines estimations, 1,2 milliard de personnes pourraient devenir des réfugiés climatiques d'ici à 2050, dont un grand nombre dans les pays en développement.
Il s'agit là d'une opportunité économique majeure, susceptible de promouvoir une croissance écologiquement et socialement responsable, de renforcer les communautés et de créer des emplois dans un grand nombre de secteurs. Nos études démontrent que le business lié au développement durable pourrait générer 23 000 milliards de dollars d'investissements, créer 213 millions d'emplois et réduire de 4 milliards de tonnes les émissions de CO2 dans les pays en voie de développement.
Comment conciliez-vous les enjeux de transition climatique et de performances économiques et financières, et plus particulièrement avec vos investissements dans le numérique et les télécoms ?
La stratégie globale de l'IFC vise à développer de nouveaux modèles d'entreprise et d'investissement capables de favoriser une transition respectueuse du climat, tels que le financement lié à la durabilité, un ensemble de mécanismes de financement qui incitent les entreprises à se fixer des ambitions en matière de développement social et environnemental.
Le secteur des télécommunications constitue un véritable atout dans ce domaine. Par exemple, en Pologne, IFC a récemment investi 435 millions de zlotys (l'équivalent de 99 millions de dollars américains) dans l'obligation de 2,67 milliards de zlotys liée à la durabilité émise par Polsat, le plus grand opérateur de médias et de télécommunications du pays. Ces obligations soutiendront la stratégie adoptée par l'entreprise en faveur de l'énergie renouvelable, l'objectif étant de produire 30 % de l'énergie à partir de sources renouvelables d'ici à 2026. Nous sommes extrêmement fiers de cette opération novatrice, notre première obligation liée au développement durable dans le secteur des télécommunications.
Un autre excellent exemple est le financement de 70 millions de dollars US pour l'infrastructure de communication et d'énergie renouvelable (CREI), aux Philippines. En plus d'assurer une meilleure couverture et une allocation optimale des réseaux mobiles à haut débit, et conformément aux objectifs nationaux en matière de climat, ce projet permettra de réaliser de substantielles réductions des émissions de gaz à effet de serre (GES).
Quelles sont les principales orientations de la SFI en faveur du climat ?
Notre agenda dans le domaine de la lutte contre le changement climatique s'articule autour de trois axes. Tout d'abord, nous travaillons avec nos clients et nos partenaires à l'adoption de normes et de standards pour l'industrie qui intègrent la durabilité et les enjeux liés au réchauffement climatique. Un bon exemple en est le système de certification des bâtiments de l’IFC, EDGE, qui ouvre la voie à un ensemble de mesures d'incitation économiques, financières et fiscales pour les promoteurs, les institutions financières et les consommateurs. Rack Centre est devenu le premier opérateur de centre de données de la région EMEA à recevoir la certification EDGE.
Par ailleurs, nous soutenons le développement de l'innovation en matière de protection de l'environnement et de développement durable. Par exemple, IFC s'engage dans une large gamme de produits pour soutenir la finance bleue, un domaine émergent de la finance carbone qui vise à contribuer à la croissance économique, à l'amélioration des conditions nécessaires à la préservation de la vie et de la santé des écosystèmes marins. Enfin, nous mobilisons des capitaux auprès de banques tierces et de partenaires par le biais de nos investissements à vocation humanitaire. Nous avons joué un rôle déterminant dans l'émission des premières obligations vertes dans des pays comme la Géorgie et l'Égypte, ce qui a renforcé la confiance à d'autres investisseurs et permis leur participation.
Dans notre monde interconnecté, comment pouvons-nous renforcer les synergies entre les différents acteurs d'infrastructures ?
Il existe un énorme potentiel intersectoriel dans la synergie entre les infrastructures et technologies numériques et les infrastructures traditionnelles. Il existe même un nouveau terme - InfraTech - qui désigne l'utilisation de la technologie pour améliorer la qualité des actifs d'infrastructure et la fourniture de services d'infrastructure. IFC s'est engagée activement dans ce domaine.
Par exemple, la SFI a développé un projet (actuellement au stade de son étude de faisabilité) de déploiement d'un réseau de fibres optiques à l'intérieur des installations de traitement des eaux en Amérique latine. De tels réseaux existent déjà dans certains pays européens développés. Nous introduisons cette solution sur les marchés émergents car elle présente un fort potentiel de réduction des coûts de génie civil tout en favorisant la connectivité par fibre optique. Au Brésil, nous travaillons avec la société de gestion de l'eau et des déchets Sanepar pour déployer la fibre à l'intérieur de son réseau de canalisations. Cela vise à étendre la portée du réseau en dehors des grandes villes et, là encore, à offrir une meilleure connectivité, aux zones mal desservies.
Les solutions cloud sont un autre excellent exemple de synergies entre le secteur numérique et d'autres secteurs d'infrastructure. Les clients d’IFC et les opérateurs du secteur d’Energie axés sur le développement durable, tels que ENGIE, Enel et EDF, ont investi massivement dans les technologies Cloud, pour leurs propres opérations et dans des projets de développement prometteurs. EDF Pulse Ventures, la branche de capital-risque de l'entreprise, a ainsi investi dans des technologies telles que les logiciels en tant que service (SaaS), l'IoT et la cybersécurité. Par ailleurs, les télécoms sont en train d'explorer de nouveaux modèles commerciaux, qui dépassent les investissements en capitaux traditionnellement nécessaires, en envisageant des investissements dans la cybersécurité, l'IoT, le cloud et l'énergie solaire - comme l'a fait Orange avec les fermes solaires en Jordanie.
Quelles sont les perspectives et les défis propres aux marchés émergents, en particulier en Afrique ?
L'Afrique dispose d'énormes ressources naturelles en énergie solaire et, dans certains pays, en hydroélectricité. Mais la région est toujours confrontée à des pénuries substantielles en capitaux financiers et humains. Nous devons travailler en partenariat avec les secteurs privé et public pour créer un environnement favorable qui attirera des investissements supplémentaires et permettra de co-créer des solutions qui favorisent la dynamique de croissance du marché. Nous devons également mettre davantage l'accent sur les petites et moyennes entreprises (PME), qui sont au cœur des économies de marché émergent.
IFC s'efforce de relever ces défis, avec des initiatives visant à développer de nouvelles opportunités commerciales grâce à des investissements précoces et à d'autres mécanismes de réduction des risques. Nous avons une longue expérience du financement des PME en Afrique. L'un de nos principaux domaines d'intervention devrait être le renforcement des entrepreneurs technologiques talentueux et ambitieux, qui lancent constamment de nouveaux produits et services pour lutter contre le changement climatique, renforcer la résilience des communautés et accroître l'utilisation des technologies numériques. Ils représentent une force passionnante pour le changement et la croissance future sur le continent.