L’Afrique compte désormais 11 millions de clients et plus de 70 réseaux 4G actifs dont les lancements se sont concentrés en 2016. Quels sont les ressorts de l’accélération de la 4G en Afrique et quelles stratégies les opérateurs ont-ils mis en place pour convaincre les clients ?
Les lancements de réseaux 4G se sont multipliés en 2016 sous l’effet de l’attribution des licences par les régulateurs mais aussi de l’arrivée des challengers qui veulent rester dans la course après le lancement du premier opérateur en 4G sur leur marché : les premiers bénéficient du « first mover advantage » pour fidéliser leurs clients et recruter ceux de leurs concurrents. Mais les challengers peuvent s’appuyer sur des avancées technologiques pour par exemple passer directement de la 3G à la 4G+ (LTE-A).
Des leviers technologiques propres au continent africain
On constate que les équipementiers chinois jouent un rôle important dans le décollage de la 4G en Afrique en facilitant le déploiement des réseaux sur le plan opérationnel et financier grâce à un organisme de financement chinois dédié. Huawei emploie à ce titre 10000 personnes en Afrique et a ouvert plusieurs centres de formation en Afrique du Sud, en Egypte ou encore en Tunisie.
Par ailleurs, le taux d’équipement en smartphones joue un rôle prépondérant dans la démocratisation de la 4G. Les constructeurs chinois ont grandement contribué à rendre les smartphones plus accessibles en développant des terminaux « low-cost ». Quant aux opérateurs, ils proposent des formules incluant un terminal en promotion et de la data afin de réduire le coût d’acquisition.
Les opérateurs africains ont un autre atout pour eux : beaucoup ayant fait le choix du WiMAX pour le haut débit mobile, finalement supplanté par le LTE, le TD-LTE leur offre une opportunité de reconversion rapide qui fonctionne grâce aux mêmes bandes de fréquences. D’après Huawei, le déploiement d’un réseau TD-LTE est 30% moins cher qu’un réseau FD-LTE. La GSMA estime que 25% des réseaux 4G africains utilisent le TD-LTE et 10% des abonnés 4G africains le sont grâce à cette technologie (juin 2016).
Des stratégies adaptées aux différentes cibles, leurs attentes et leurs moyens
Les attentes client en matière de vitesse de navigation sont de plus en plus fortes et les opérateurs ont repéré le potentiel que représente la 4G dans les villes, surtout auprès des populations aisées. Cette clientèle est très réceptive à un meilleur confort de navigation, au sein du foyer comme en mobilité. La 4G apporte une solution de substitution au fixe résidentiel pas assez fiable et peu adapté à des nouveaux usages tels que le streaming HD.
Pour convertir un maximum de clients, les opérateurs ont segmenté leur offre : pour les clients à faible valeur, ils proposent de petits volumes de data et des promotions.
Pour la clientèle plus exigeante et plus aisée, les opérateurs proposent des gammes de forfaits par palier (tiered-pricing) afin de répondre à leur demande de vitesse et de volume. Certains proposent aussi des offres de contenus en streaming comme Deezer ou ICFLIX.
Le numérique devrait contribuer à environ un dixième du PIB de l’Afrique dans dix ans, soit 300 milliards de dollars, d’après Thierry Breton (PDG d’Atos) et Alexandre Zapolsky (PDG de Linagora). Le développement du continent n’est pas aisé du fait du manque d’infrastructures mais le mobile permet aux Africains d’accéder à des services qui améliorent leur quotidien de façon significative.
La démocratisation de la 4G dans les villes sera la prochaine étape du déploiement de la 4G en Afrique avant son arrivée massive dans les zones rurales pour leur permettre de faire un véritable bond en avant en termes de développement.