La Virtualisation et la cloudification représentent deux leviers technologiques pour transformer les opérateurs qui sont sous pression économique.
Le secteur des télécommunications est confronté à des défis existentiels. L’écosystème monolithique traditionnel, où les composants clés sont intégrés verticalement et proviennent d’un seul fournisseur, a conduit à un environnement fermé, où les opérateurs étaient liés aux fournisseurs, limités en termes de services et avaient une faible visibilité de leurs opérations réseau. Ils ne peuvent pas exploiter la puissance de la révolution des données/IA et libérer des services innovants et de nouvelles sources de revenus.
En effet, la part des opérateurs de télécommunications dans la capitalisation boursière mondiale des TIC a considérablement diminué au cours des 20 dernières années, reflétant une recomposition concurrentielle majeure qui a mis les modèles commerciaux traditionnels sous pression. Cela a été amplifié par les hyperscalers qui ont réussi à
prendre le dessus car ils ont réussi à construire en premier lieu l’infrastructure (virtuelle) qui leur permet de fournir leurs différents services aujourd’hui.
Dans un monde numérique, ce modèle traditionnel n’étant plus viable, les opérateurs sont contraints d’opérer une transformation profonde et une ouverture où les cycles d’innovation s’accélèrent et nécessitent une plus grande flexibilité et dynamisme que ce que permettent les appareils basés sur le matériel.
Par conséquent, les opérateurs de télécommunications connaissent une évolution technologique vers l’informatique qui implique une transformation majeure de leurs infrastructures : d’abord virtualisé, le réseau tend maintenant à être «cloudifié» avec l’émergence d’outils tels que la conteneurisation, l’orchestration ou les API, et continuera à évoluer avec la démocratisation des outils utilisant l’intelligence artificielle. Cela transformera également les modèles de revenus des opérateurs, leur permettant de déployer de nouveaux services personnalisés plus rapidement, plus efficacement et plus sûrement.
De la même manière que les applications sont prises en charge par des environnements cloud configurables de manière dynamique et entièrement automatisés, les fonctions réseau virtualisées permettent aux réseaux d’être agiles et capables de répondre automatiquement aux besoins du trafic et des services qui y sont exécutés. Ce livre blanc mettra en lumière les défis, l’impact et les exigences de transformation de ce long parcours vers un opérateur basé sur les logiciels.
Avant d’entrer dans les détails, il est important de revenir sur certains des concepts qui régissent cette transformation et d’élucider les liens existants entre eux.
Virtualisation des fonctions réseau (NFV)
Il s’agit d’un concept d’architecture réseau développé depuis les années 2010 dans lequel le matériel du dispositif réseau est remplacé par des machines virtuelles (VM). Dans cette architecture, les services réseau qui étaient traditionnellement exécutés sur du matériel propriétaire sont regroupés sur du matériel standardisé. Le NFV est censé aider les opérateurs à réduire le temps de déploiement des fonctions réseau virtualisées (VNF) et des services, ainsi que leur coût total de possession, grâce à l’automatisation et à l’économie d’échelle apportées par les technologies de l’informatique en nuage. L’industrie se dirige vers cette technologie en suivant une approche en plusieurs étapes.
Réseau défini par logiciel (SDN)
Le SDN est un paradigme de mise en réseau dans lequel les réseaux peuvent être dynamiquement pilotés par des applications. Il est applicable à toutes les couches du réseau (de la couche 0 à la couche 3) en utilisant des interfaces standard (pour recevoir des ordres, puis programmer le réseau de manière dynamique) en externalisant le plan de contrôle. Alors que la virtualisation du réseau permet aux opérateurs de segmenter différents réseaux virtuels au sein d’un seul réseau physique, le SDN offre une nouvelle façon de contrôler/programmer les réseaux via un serveur centralisé.
L’idée est de gérer toutes les ressources via une interface centralisée et ainsi réduire l’impact de l’hétérogénéité du réseau. Ces technologies répondent à la fois à un besoin d’automatisation et d’agilité dans les processus de gestion du réseau, mais aussi à un besoin d’ouvrir les équipements réseau aux applications tierces pour accélérer l’innovation.
SDN et NFV ensemble
Le NFV et le SDN sont deux piliers importants de la cloudification des télécommunications,et sont étroitement liés, indépendants, mais aussi complémentaires et mutuellement bénéfiques. Les fonctions réseau peuvent être virtualisées et déployées sans les technologies SDN, et les fonctions non virtualisées peuvent être contrôlées par le SDN.
Désagrégation
La désagrégation consiste à passer d’une solution propriétaire et fermée à des composants totalement dissociés et ouverts qui sont recombinés pour former une solution complète, avec des orchestrateurs. Des composants logiciels (certains en open source) sont utilisés avec des API. La désagrégation des fonctions réseau est une transformation en cours depuis longtemps dans l’écosystème des télécommunications. Depuis plus de 10 ans, les fonctions réseau sont découpées en morceaux plus petits, passant d’implémentations monolithiques, fermées et propriétaires à des composants ouverts et totalement dissociés qui sont recombinés pour former de nouvelles architectures réseau. Ce changement radical dans l’écosystème industriel offre aux opérateurs une plus grande flexibilité pour construire des services de télécommunications, et ouvre de nouvelles opportunités pour optimiser les investissements, réduire les prix grâce à une concurrence accrue sur chaque composant, et renouveler la stratégie industrielle (plus d’innovation, de nouveaux acteurs et évolution de la chaîne de valeur).
Native du cloud
La technologie et l’architecture natives du cloud font référence à une approche qui permet le développement et le déploiement d’applications dans le cloud et dans un environnement ouvert en utilisant la conteneurisation, les architectures de microservices et des outils d’orchestration comme Kubernetes. Chaque service effectue une fonction
spécifique et peut être développé, déployé et mis à l’échelle de manière indépendante, ainsi que sur n’importe quelle infrastructure (télécoms, privée ou publique) et plateforme de conteneurs. Cette approche favorise la modularité et facilite la maintenance et la mise à jour des composants individuels sans affecter l’ensemble du système.
Dans la prochaine section, nous expliquerons et clarifierons l’impact du parcours de virtualisation et de cloudification sur les différents domaines : l’accès, le coeur et les modèles opérationnels, et évaluerons la maturité réelle.